Eugène Cattin, Village des Bois

Passé

Eugène Cattin
Village des Bois, 1900-1910
Retirage d’une plaque de verre, 13 x 18 cm
ArCJ 137 J 187 b
Archives cantonales jurassiennes, Porrentruy

Présent

Julien Ogi
Sans titre, 2024
Photographie
Photo-club des Franches-Montagnes

Eugène Cattin, facteur des Bois

Eugène Cattin est originaire des Bois, où il est né le 21 janvier 1866, fils de Jean Pierre (Augustin) Cattin et de Rosine Eugénie née Gogniat. Le 16 septembre 1890, il épouse Marie Joséphine Juillerat, de Coeuve, institutrice, née le 19 août 1864, fille de Jean-Pierre Juillerat et de Thérèse Doyon, qui lui donnera trois enfants : Bernard en 1891, Marie Thérèse Eugénie en 1893 et Eugène Joseph Henri, lequel succombe à six semaines en 1894. L’année suivante, l’épouse d’Eugène Cattin décède, âgée de 31 ans seulement. Après 15 ans de veuvage, Eugène Cattin convole en secondes noces avec Marie Stéphanie Willemin (1877-1954) ; une fille naîtra de cette union en 1912, mais meurt aussitôt. Eugène Cattin est mort aux Bois, le 8 mai 1947 ; il a été enterré le 11, un dimanche après-midi.
Eugène Cattin passe sa vie aux Bois, comme facteur, succédant à sa mère ; la commune est très étendue et il la parcourt quotidiennement pour faire sa tournée, avec l’aide d’un collègue. La légende a peut-être embelli le récit de ses passages dans les hameaux et fermes isolées, annonçant son arrivée par un appel de clairon ou un coup de sifflet strident… Les photographies le représentent dans son uniforme de facteur, soit à cheval, soit sur différents attelages à un ou deux essieux, ou appuyé sur une bicyclette. Peut-être même employait-il un chien Saint-Bernard, qui, en tout cas, tirait un petit chariot ou une luge, suivant la saison, pour transporter son lourd matériel de photographe.

Eugène Cattin n’est pas que facteur et photographe. Parfait touche-à-tout, inventeur, curieux, inscrivant sur son carnet - malheureusement disparu, semble-t-il - les petits événements et anecdotes de la région. Il confectionnait des jouets de bois et des girouettes qu’il alignait devant sa maison, ainsi que des brouettes, sellettes, cabas, reliures, cartonnages… Il était, si l’on en croit Francis Kaufmann, également collectionneur de timbres-poste et éleveur de chiens. Parallèlement, il eut l’heureuse idée, en ces temps où la législation obligeait de couvrir les maisons en solide, d’établir un dépôt de tuiles. Il acquiert une certaine aisance matérielle. Les vêtements de son épouse sont cossus, les chapeaux remarquables ; le couple effectue quelques voyages : Rome, Lourdes, avec un détour par Biarritz. Signe d’opulence, il est le premier propriétaire d’une automobile aux Bois. Sa maison, à l’origine une petite ferme à pignon frontal, retournée côté gouttereau et pourvue de la fameuse inscription : « DÉPÔT de la TUILERIE de LAUFON », est agrandie par la suite, doublant la longueur du dépôt.
Eugène Cattin est engagé au niveau de la paroisse. Il fonde le groupe local de l’œuvre de Lourdes, photographie volontiers des églises lorsqu’il est en voyage et entretient de bons rapports avec les ecclésiastiques en compagnie desquels il pose volontiers pour la photo.

Archives cantonales jurassiennes

Pour aller plus loin

L’inventaire et l’histoire du fonds Eugène Cattin sont disponibles en ligne.

Les plaques de verre numérisées sont également en ligne sur Wikimedia Common.