Carte postale des Pommerats
Passé
Anonyme
Les Pommerats, 1908
Retirage d’une carte postale, 9 x 14 cm
MJ.2016.46.255
Musée jurassien d’art et d’histoire,
Collection Xavier Jobin, Delémont
Présent
Julien Ogi
Sans titre, 2024
Photographie
Photo-club des Franches-Montagnes
Futur
Sylvie Müller
Les Pommerats, 2024
Photomontage, 42 × 27.4 cm
Collection de l’artiste
Vacances aux Franches
Sylvie Müller (*1964) est une artiste plasticienne et photographe jurassienne établie à Delémont et New York. Enfant, elle passait ses vacances chez ses grands-parents aux Pommerats, dans les Franches-Montagnes. Se souvient-elle des hivers rigoureux, des pommiers en fleurs au printemps, des balades à cheval ou à pied ? Des gens du coin ?
Oui, Les Pommerats, souvenirs d’enfance très doux et libres. Ma mémoire est confuse mais forte de sensations. Je me souviens d’une couverture de Paris Match avec un portrait du général De Gaulle qui venait de mourir (1970), accrochée dans l’atelier du chalet de mon grand-père paternel. Je garde en bouche le goût des floutes de ma grand-Titine. Je me souviens des jeux au chalet avec ta grande sœur Christine, des glissades en luge sur la bosse d’en face, des balades et pique-niques d’été aux Enfers, de la descente vers le Doubs, de la cueillette aux bolets et trompettes de la mort.
Je me souviens aussi des filles Monnat qui habitaient en face. Le village, je le traversais pour aller en balade. C’était la nature environnante qui m’intéressait. Peut-être y avait-il un restaurant au centre où nous allions parfois manger le dimanche. Je n’aimais pas rester assise de longues heures autour d’un repas trop riche et de conversation d’adultes.
J’aime les Franches, havre de paix bucolique et préservé par la rudesse des lieux. L’étang de la Gruère où je me suis tant baignée (encore et toujours), ses grenouilles, sa tourbe, sa biodiversité. J’aime aussi son train rouge et sa locomotive à vapeur, ses vieilles fermes trapues restaurées dans les règles de l’art, ses potagers colorés.
Ses paysans-horlogers qui ont donné un caractère unique à cette région, avec ses hauts bâtiments austères comme un tableau de Chirico.
Lorsque j’étais à New York, la région des Franches-Montagnes me manquaient. Je rêvais de retrouver son plateau somptueux ouvert sur les Alpes et ses chevaux que je n’ai jamais montés, hélas.
Sans oublier ses sapins implantés qui ont remplacé les forêts de feuillus. Pourtant, ils semblent être nés là comme les palmiers de Los Angeles.
C’est un grand dépaysement en venant de la vallée de Delémont. Un monde à part aux grands espaces qui portent à la rêverie comme dans un western. Pas étonnant qu’autant d’artistes, d’écrivains, de créateurs s’y soient établis.
Sylvie Müller, artiste
