Carte postale des Enfers

Passé

Édition Art. Perrochet Matile, Lausanne
Les Enfers, sans date
Retirage d’une carte postale, 9 x 14 cm
MJ.2016.46.25
Musée jurassien d’art et d’histoire,
Collection Xavier Jobin, Delémont

Présent

Julien Ogi
Sans titre, 2024
Photographie
Photo-club des Franches-Montagnes

Futur

René Myrha
VILLAGE Les Enfers 2074, 2024
Acrylique sur papier Rives, 35 x 50 cm
Collection de l’artiste

Une question de point de vue

En cherchant où la photo des cartes postales a été prise, on a parfois quelques surprises. Des bâtiments, des panneaux publicitaires ou la végétation viennent couper la vue. Comme ici, où un arbre semble avoir pris possession du panorama. Que faire? Se décaler de quelques mètres pour corriger le tir ou s’approprier l’image ainsi produite? Nous avons fait le choix de garder les images contemporaines les plus authentiques possibles, privilégiant une approche plus documentaire qu’esthétique.

Paradoxalement, c’est le “défaut” de cette image qui a inspiré René Myrha lorsque je lui ai demandé de participer à l’exposition en imaginant une vue utopique ou dystopique. Il a choisi Les Enfers ! La chance m’a souri: le grand sapin qui semble prendre la pose pour le photographe trouve un écho dans ses créations actuelles, tout comme l’approche par l’intelligence artificielle.

René Myrha a imaginé un village des Enfers en 2074 qui reprend les codes de son univers créatif. Les lignes de la carte postale servent d’architecture à une composition lumineuse entre nature et technologie. Comme il en a l’habitude, l’artiste a travaillé les éléments de l’œuvre sur des papiers transparents. Les arbres du premier plan naissent ainsi en noir et blanc. La couleur, elle, viendra plus tard.

Au portrait de sapin de la photographie contemporaine répond une multiplication d’arbres qui semblent dialoguer entre eux. Pour un peu, on pourrait les croire à une réunion de famille. Par leurs formes, ces arbres évoquent d’autres créations de René Myrha, et notamment ses œuvres tridimensionnelles. Les arbres qui y figurent possèdent également de luxurieuses frondaisons dont émergent des personnages. C’est la vie qui s’invite dans l’image.

Habité, ce village des Enfers en 2074 l’est de toute évidence, et pas seulement par des arbres. Les volumes des habitations conservées dans le fond, les panneaux solaires qui rythment le paysage et cette mystérieuse structure verticale suggèrent une présence humaine qui forge le paysage sans le mettre en cage. L’horizon reste dégagé, ouvert sur l’avenir.

Élodie Paupe, responsable du site Jura-24 des Franches-Montagnes