Carte postale du Noirmont

Passé

Édition John Dubois, La Chaux-de-Fonds
Le Noirmont, 1900-1944
Retirage d’une carte postale, 8.8 x 13.8 cm
Inv. 1989.1513
Musée de l’Hôtel-Dieu, Fonds Gustave Amweg, Porrentruy

Présent

Julien Ogi
Sans titre, 2024
Photographie
Photo-club des Franches-Montagnes

De l'horlogerie

Paysage horloger

Défrichées tardivement, les Franches-Montagnes ont longtemps présenté un aspect austère, dû à une pauvreté endémique. Ce pays n’a pas été épargné par les guerres et les épidémies.

Aussi, après un XVIIe siècle calamiteux, l’apparition de l’industrie horlogère vers 1700 fut-elle accueillie avec soulagement par la population. Dès 1850, la morphologie de nos villages s’en trouve modifiée. Des immeubles locatifs, ainsi que des ateliers surgirent de terre.

Actuellement, en particulier au Bois, aux Breuleux, au Noirmont ainsi qu’à Saignelégier, des usines de grand format - et de réputation mondiale - emploient une main d’œuvre hautement qualifiée, occupée notamment dans les secteurs de l’habillage horloger (boîtes et bracelets de montres), de la conception/réalisation/assemblage de mouvements d’horlogerie, et de la fabrication de produits dérivés (bijouterie, maroquinerie, etc.).

Boîtiers, horlogers, paysans…

Le « paysan-horloger » : réalité ou légende urbaine ? Servant de lien entre autarcie rurale et civilisation industrielle, le « paysan-horloger » appelle un éclairage historique nuancé. L’agriculture renvoie aujourd’hui aux professionnels de la culture et de l’élevage. Il n’en va pas de même du « paysan », qui se réfère à un monde oublié, peuplé de petits artisans (forgerons, tourneurs sur bois ou sur métal, meuniers, tisserands, teinturiers, dentelières, etc) pour qui le « train de ferme » n’était pas un choix mais une nécessité alimentaire. Pas de grande distribution à l’époque ; on vivait uniquement de ce qui était produit ou fabriqué dans un rayon régional. Le XVIIIe siècle nous apportera l’horlogerie, qui mettra tout de même plus de 150 ans pour supplanter les usages ancestraux. Cette même horlogerie attirera dès après 1880 les premiers magasins, qui étoufferont toute velléité d’autarcie. Elle introduira une certaine aisance pécuniaire, créant ainsi un besoin de confort et de vie associative (chorales, fanfares, sociétés sportives, etc).

Métropole boîtière

Au milieu du XIXe siècle, sous l’influence conjuguée du chemin de fer (= ponctualité) et de la télégraphie (= heure unifiée), la montre devient indispensable. Pour satisfaire à la demande, beaucoup d’entreprises se créent. Après 1890, la force et la lumière électrique apportent sécurité et efficacité dans les usines, multipliant la production par dix. A l’aube du XXe siècle, on dénombre plus de monteurs de boîtes or, argent ou métal au Noirmont (1900 habitants à l’époque) qu’à La Chaux-de-Fonds, qui compte alors 23'000 habitants. L’un des treize Bureaux fédéraux de contrôle des métaux précieux est ouvert au Noirmont en janvier 1884 ; il est toujours en activité.

Georges Cattin, Musée de la boîte de Montre

Pour aller plus loin

Le Noirmont abrite depuis 2015 le « Musée de la Boîte de Montre ». Longtemps négligé, le patrimoine boîtier de la région s’est ainsi offert le premier – et le seul – musée au monde consacré à l’habillage horloger. En le visitant, vous découvrirez les singularités technologiques et esthétiques de cette profession, située à la jonction de l’art et de la haute précision.

Plus d’information sur le site Internet du musée                      

Espace La Velle

Le village s’est fortement densifié et étendu en presque un siècle. Il n’est pas facile de retrouver l’ancienne église Saint-Hubert presque noyée parmi les toits du Noirmont. On reconnaît tout de même quelques bâtiments emblématiques. Surplombant le village, le bâtiment principal de la clinique domine les clichés. L’imposant bâtiment a été construit entre 1905 et 1907. Ancien pensionnat, il accueille depuis 1985 les patients du Centre jurassien de réadaptation cardio-vasculaire. Le cliché de Julien Ogi permet d’apercevoir le bâtiment annexe en béton construit en 1985 en contrebas du bâtiment principal.

L'ancienne église du Noirmont a été construite en 1670 sur une chapelle consacrée en 1513. De cette première église subsistent la tour, le chœur et une partie du mobilier religieux, notamment la magnifique chaire.  À sa construction, selon un dessin de l’abbé Joseph Godat, l’église Saint-Hubert présente une toiture en pierres (appelées « laves » dans le parler régional jurassien)[1]. Aujourd’hui, l’église de Soubey est considérée comme le seul exemple de bâtiment doté d’une telle toiture en Suisse, au nord des Alpes.

L’église a été désaffectée et désacralisée en 1969. En 1988, pour la sauver de la démolition, la Fondation Sur-la-Velle l'acquiert et mène des rénovations importantes entre 1991 et 2017. Ces dernières ont préservé des éléments historiques, tout en modernisant l'intérieur pour en faire un lieu polyvalent adapté aux activités culturelles. Aujourd'hui, l'église, rebaptisée Espace La Velle, est un centre culturel.

En faisant le tour de l’exposition, observez bien le sol du chœur de l’église et ses gouttes de peinture. Il s’agit des traces laissées par l’artiste Jürg Gabele, franc-montagnard d’adoption, qui a utilisé l’ancienne église comme atelier avant les rénovations entreprises par la Fondation. C’est notamment là qu’il a réalisé la fresque qui se trouve dans la clinique.

Élodie Paupe, responsable du site Jura-24 des Franches-Montagnes

Pour en savoir plus

Site Internet de la Fondation La Velle

Le Spiegelberg Festival a consacré un épisode à l’ancienne église du Noirmont et à l’association La Nef qui y organisait des expositions d’art contemporain.